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L’exploitation des carrières de Gironde :


Les carrières du Département de la Gironde ont d’abord été exploitées à ciel ouvert, mais la mauvaise qualité de la roche de surface et la hauteur de recouvrement des terrains argileux parfois trop importante par rapport aux moyens de l’époque ont conduit les carriers à exploiter la roche en souterrain à quelques mètres voire plusieurs dizaines de mètres sous la surface du sol. L’accès aux carrières se faisait le plus souvent à flanc de falaise ou bien par des rampes creusées depuis la surface.

Dès le XVIIIᵉ siècle et jusqu’au début du XXᵉ siècle, de nombreuses communes de Gironde situées au-delà de la rive droite de la Garonne ont connu une importante activité d’extraction souterraine de pierres de taille calcaires. Une partie de ces pierres fut utilisée sur place pour la construction de bâtiments individuels et communaux. La majorité d’entre elles fut livrée à l’agglomération bordelaise pour la construction de monuments, la rénovation d’une partie du centre historique et la construction des échoppes désormais typiques de l’architecture de la ville.

L’exploitation des carrières girondines s’est faite essentiellement selon la méthode des chambres et piliers abandonnés. Cette méthode consiste à extraire une partie de la roche à l’intérieur de galeries respectant un schéma plus au moins régulier et à laisser en place, à l’intersection des galeries, des masses de roche sous la forme de piliers rectangulaires qui devaient assurer le maintien des terrains de recouvrement.

Schéma de la méthode des chambres et piliers abandonnés :

Pour s’éclairer dans l’obscurité la plus totale, les carriers utilisaient des lampes à carbure, avec deux réservoirs superposé ; le réservoir supérieur était rempli d’eau et le réservoir inférieur de carbure de calcium. Grace à un système de goutte à goutte, fabriquant du gaz acétylène, ce type de lampe permettait une autonomie d’éclairage d’environ 10 heures.

Après le creusement et l’extraction de la roche, les carriers sortaient les blocs calcaires de taille calibrée hors de la carrière, les autres étaient abandonnés dans des galeries secondaires. Les galeries principales, laissées libre d’accès, étaient utilisées pour le transport des blocs à l’aide de charrettes tirées par des ânes. Ces galeries principales sont aujourd’hui reconnaissables grâce aux ornières creusées par les roues et aux marques frottement sur les parois des piliers.

A l’époque de l’exploitation des carrières, les galeries été creusées à l’aide des outils manuels :

  • Polka: marteau avec un côté tranchant verticalement et un côté tranchant horizontalement,
  • Trace ou Escoude: outils permettant de faire des sillons dans les bancs de roche calcaire,
  • Scie à pierre: outils permettant de découper les blocs calcaires en doublerons (pierre de taille calibré pour la vente).

Aujourd’hui, les parois des galeries laissent apparaître des traces d’outils qui permettent de reconstituer le schéma d’exploitation des carrières.

Photos du sens de creusement en carrière

Photo d’archive

Lorsque la distance entre le lieu d’extraction et l’entrée de la carrière était trop importante, des puits étaient creusés pour évacuer les blocs calcaires par un système de relevage à la verticale. Certains puits étaient également creusés pour garantir la bonne aération de la carrière. Beaucoup de puits sont encore visibles aujourd’hui dans toutes les communes sous-cavées.

Très souvent, en raison de contraintes techniques, les carrières été exploitées sur plusieurs niveaux séparés par un banc rocheux de 1 ou 2 mètres d’épaisseur. On retrouve donc par endroit plusieurs étages de vides superposés reliés les uns aux autres par de petites ouvertures, des puits ou bien des rampes.

Photos de superposition d’étages :

Peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les constructions en béton ont supplanté les constructions en pierre. L’exploitation des carrières en Gironde, elle, n’a jamais vraiment redémarré en dehors de quelques rares exceptions.

Certaines carrières ont été réutilisées par la suite pour la culture du champignon de Paris, mais cette activité, devenue peu rentable, s’est elle aussi arrêtée à partir des années 1980. Depuis quelques dizaines d’années, elles sont abandonnées en l’état, à l’exception de quelques caves encore utilisées par des châteaux viticoles pour la vinification.

 

Le Bureau des Carrières Souterraines du Conseil Général de la Gironde a répertorié et localisé 1424 anciennes carrières souterraines sur 122 communes de Gironde. Leur emprise totale est d’environ 2000 hectares. Elles se situent essentiellement dans l’Entre-deux-Mers, le Bourgeais, le Cubzaguais, le Saint-Emilionnais, le Fronsadais, le Libournais, ainsi que dans la vallée du Ciron à proximité du Sauternais.

Les carrières souterraines à l’abandon et souvent en très mauvais état occasionnent aujourd’hui des risques majeurs de mouvements de terrain.

Photos champignonnières Saint Germain du Puch